Peintures et poèmes de l'isolement
(Jour 21 à 54)

Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports,
Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante :
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.

A. LAMARTINE

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Jour 21 : J’aurais dû, — mais, sage ou fou,</BR>
À seize ans, on est farouche, —</BR>
Voir le baiser sur sa bouche</BR>
Plus que l’insecte à son cou. (V. Hugo)
Jour 21 : J’aurais dû, — mais, sage ou fou,
À seize ans, on est farouche, —
Voir le baiser sur sa bouche
Plus que l’insecte à son cou. (V. Hugo)
Jour 22 : Couchons-nous au bord des étangs,</BR>
Que nos maux amers se guérissent !</BR>
Mille espoirs fabuleux nourrissent</BR>
Nos coeurs gonflés et palpitants. (Théodore de Banville)
Jour 22 : Couchons-nous au bord des étangs,
Que nos maux amers se guérissent !
Mille espoirs fabuleux nourrissent
Nos coeurs gonflés et palpitants. (Théodore de Banville)
Jour 23 : Le Poète est semblable au prince des nuées</BR>
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;</BR>
Exilé sur le sol au milieu des huées,</BR>
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. (Ch. Baudelaire)
Jour 23 : Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. (Ch. Baudelaire)
Jour 24 : Sous la pluie d’été</BR>
Raccourcissent </BR>
Les pattes du héron. (Matsuo Bashõ)
Jour 24 : Sous la pluie d’été
Raccourcissent
Les pattes du héron. (Matsuo Bashõ)
Jour 25 : Chignon en feuille de gingko,</BR>
Esprits chassés d’un claquement de pied</BR>
~ Dans le cercle d’argile un cri et tu bondis. (Coralie Brunot)
Jour 25 : Chignon en feuille de gingko,
Esprits chassés d’un claquement de pied
~ Dans le cercle d’argile un cri et tu bondis. (Coralie Brunot)
Jour 26 : Grimace, saute et vir’volte</BR>
~ saltimbanque des forêts,</BR>
bouffon ébouriffé. (Coralie Brunot)
Jour 26 : Grimace, saute et vir’volte
~ saltimbanque des forêts,
bouffon ébouriffé. (Coralie Brunot)
Jour 27 : Chaleur épaisse au matin, </BR>
mousseline humide ~</BR>
le courant évaporé balbutie. (Coralie Brunot)
Jour 27 : Chaleur épaisse au matin,
mousseline humide ~
le courant évaporé balbutie. (Coralie Brunot)
Jour 28 : Indigo sur le ciel bleu ~</BR>
turban en lambeaux</BR>
arraché aux barbelés. (Coralie Brunot)
Jour 28 : Indigo sur le ciel bleu ~
turban en lambeaux
arraché aux barbelés. (Coralie Brunot)
Jour 29 : Crânes martelés ~</BR>
la lune sacrifiée saigne.</BR>
Le soleil emplumé s’envole en volutes divines. (Coralie Brunot)
Jour 29 : Crânes martelés ~
la lune sacrifiée saigne.
Le soleil emplumé s’envole en volutes divines. (Coralie Brunot)
Jour 30 : Horizon salé,</BR>
l’occident rougeoie ~</BR>
un goéland s’embrase au-dessus des voiles (Coralie Brunot)
Jour 30 : Horizon salé,
l’occident rougeoie ~
un goéland s’embrase au-dessus des voiles (Coralie Brunot)
Jour 31 : L'astre furibond</BR>
menace au fronton du ciel</BR>
~ les pieds dans l'eau claire. (Coralie Brunot)
Jour 31 : L'astre furibond
menace au fronton du ciel
~ les pieds dans l'eau claire. (Coralie Brunot)
Jour 32 : Va t’abreuver au cœur</BR>
du marcheur assoiffé ~</BR>
la mer pour paysage. (Coralie Brunot)
Jour 32 : Va t’abreuver au cœur
du marcheur assoiffé ~
la mer pour paysage. (Coralie Brunot)
Jour 33 : Ecrin de feuilles alanguies ~</BR>
les fleurs en papillons rieurs</BR>
rêvassent et s’étirent. (Coralie Brunot)
Jour 33 : Ecrin de feuilles alanguies ~
les fleurs en papillons rieurs
rêvassent et s’étirent. (Coralie Brunot)
Jour 34 : Dans mon jardin et peut-être au-delà,</BR>
Il y a ce moment avant le crépuscule...</BR>
Le jour défait son tablier, ouvre les bras pour accueillir le soir.</BR>
Le temps est suspendu. (Nicole Buzaré)
Jour 34 : Dans mon jardin et peut-être au-delà,
Il y a ce moment avant le crépuscule...
Le jour défait son tablier, ouvre les bras pour accueillir le soir.
Le temps est suspendu. (Nicole Buzaré)
Jour 35 : Regard essoufflé</BR>
sur l’immensité iodée</BR>
~ le vent décoiffe tes rêves. (Coralie Brunot)
Jour 35 : Regard essoufflé
sur l’immensité iodée
~ le vent décoiffe tes rêves. (Coralie Brunot)
Jour 36 : Friselis de l’air ~</BR>
un chant furtif</BR>
au silence dérobé. (Coralie Brunot)
Jour 36 : Friselis de l’air ~
un chant furtif
au silence dérobé. (Coralie Brunot)
Jour 37,38 : Emeraude guerrière, cannibale élégante</BR>
Elle s’en va masquée - </BR>
Vers ses amours décapités. (Coralie Brunot)
Jour 37,38 : Emeraude guerrière, cannibale élégante
Elle s’en va masquée -
Vers ses amours décapités. (Coralie Brunot)
Jour 39 : Fleur de lune</BR>
au parfum de nuages</BR>
~ la terre s’évapore. (Coralie Brunot)
Jour 39 : Fleur de lune
au parfum de nuages
~ la terre s’évapore. (Coralie Brunot)
Jour 40 : Larmes de soie</BR> 
que le roseau embrasse</BR>
~ baisers pourpres envolés. (Coralie Brunot)
Jour 40 : Larmes de soie
que le roseau embrasse
~ baisers pourpres envolés. (Coralie Brunot)
Jour 41 : Dors au ciel de plomb sur tes dunes...</BR>
Dors : plus ne viendront ricocher</BR>
Les boulets morts, sur ton clocher</BR>
Criblé — comme un prunier — de prunes... (Tristan Corbière)
Jour 41 : Dors au ciel de plomb sur tes dunes...
Dors : plus ne viendront ricocher
Les boulets morts, sur ton clocher
Criblé — comme un prunier — de prunes... (Tristan Corbière)
Jour 42 : Toilette de fête</BR>
au creux du grand cèdre</BR>
~ bec dans les plumes, la pie. (Coralie Brunot)
Jour 42 : Toilette de fête
au creux du grand cèdre
~ bec dans les plumes, la pie. (Coralie Brunot)
Jour 43 : Le bleu profond a englouti</BR>
les âmes et les mâts</BR>
~ au cimetière, des larmes. (Coralie Brunot)
Jour 43 : Le bleu profond a englouti
les âmes et les mâts
~ au cimetière, des larmes. (Coralie Brunot)
Jour 44 : Le myosotis, et puis la rose, </BR>
Ce sont des fleurs qui dis'nt quèqu' chose ! </BR>
Mais pour aimer les coqu'licots</BR> 
Et n'aimer qu'ça... faut être idiot !  (Raymond Asso)
Jour 44 : Le myosotis, et puis la rose,
Ce sont des fleurs qui dis'nt quèqu' chose !
Mais pour aimer les coqu'licots
Et n'aimer qu'ça... faut être idiot ! (Raymond Asso)
Jour 45 : Eclat de vitrail envolé,</BR>
ta danse fugace</BR>
illumine le gris du ciel. (Coralie Bruno)
Jour 45 : Eclat de vitrail envolé,
ta danse fugace
illumine le gris du ciel. (Coralie Bruno)
Jour 46 : Vert de l’oranger</BR>
surplombé de pourpre ~</BR>
le ciel désolé se grise. (Coralie Brunot)
Jour 46 : Vert de l’oranger
surplombé de pourpre ~
le ciel désolé se grise. (Coralie Brunot)
Jour47 : Peau enivrée de sel ~</BR>
les muscles luttent</BR>
en un corps à cordes déchaîné. (Coralie Brunot)
Jour47 : Peau enivrée de sel ~
les muscles luttent
en un corps à cordes déchaîné. (Coralie Brunot)
Jour 48 : Le sexe est une des neuf raisons qui plaident en faveur de la réincarnation. Les huit autres sont sans importance.
(Henry Miller)
Jour 48 : Le sexe est une des neuf raisons qui plaident en faveur de la réincarnation. Les huit autres sont sans importance. (Henry Miller)
Jour 49 : Je détricote le fil </BR>
d'un linceul de laine</BR>
alourdi</BR>
par la pluie du jour. (Coralie Brunot)
Jour 49 : Je détricote le fil
d'un linceul de laine
alourdi
par la pluie du jour. (Coralie Brunot)
Jour 50 : Soudain plus un bruit ~</BR>
vol prodigieux des oiseaux</BR>
au chant de la brise. (Coralie Brunot)
Jour 50 : Soudain plus un bruit ~
vol prodigieux des oiseaux
au chant de la brise. (Coralie Brunot)
Jour 51 : Parmi les vains désirs, à l’avance déçu</BR>
N’est ce pas le plus fou, celui dont je me vante,</BR>
De faire dans des mots, tenir la mer vivante (Jean Richepin)
Jour 51 : Parmi les vains désirs, à l’avance déçu
N’est ce pas le plus fou, celui dont je me vante,
De faire dans des mots, tenir la mer vivante (Jean Richepin)
Jour 52 : Échiquier salé</BR>
irisé bleu rose</BR>
~ la brouette du saunier. (Coralie Brunot)
Jour 52 : Échiquier salé
irisé bleu rose
~ la brouette du saunier. (Coralie Brunot)
Jour 52bis : ... La morue était grassouillette, c’était pas bon pour son diabète,</BR>
elle fit une cure pendant un an au milieu des marais-salants.</BR>
Elle revint plate comme une limande, comment fit-elle, on se l’demande,</BR>
mais depuis qu’elle est en beauté, elle fait un peu trop sa sucrée...
Jour 52bis : ... La morue était grassouillette, c’était pas bon pour son diabète,
elle fit une cure pendant un an au milieu des marais-salants.
Elle revint plate comme une limande, comment fit-elle, on se l’demande,
mais depuis qu’elle est en beauté, elle fait un peu trop sa sucrée...
Jour 53 : Mordre</BR>
Arracher le bleu du ciel</BR>
Entendre les alarmes</BR>
Courir après les flots rouges. (Coralie Brunot)
Jour 53 : Mordre
Arracher le bleu du ciel
Entendre les alarmes
Courir après les flots rouges. (Coralie Brunot)
Jour 54 : Et chacun, chacune s’envoile</BR>
sur l’onde désenchantée</BR>
~ fabuleux zénith des lendemains. (Coralie Brunot)
Jour 54 : Et chacun, chacune s’envoile
sur l’onde désenchantée
~ fabuleux zénith des lendemains. (Coralie Brunot)