Peintures et poèmes de l'isolement
(Jour 1 à 20)

"... On nous boucle jusqu’à midi,
Puis on sonne la cloche vive.
Des gardiens la clef sonore ouvre
Les cellules trop attentives.
Pour prendre l’escalier de fer
De son Enfer chacun s’esquive.
Dans l’air pur de Dieu nous sortons,
Mais pas comme à l’accoutumée,
Car un visage est blanc de peur,
Gris l’autre visage levé,
Mais dans des yeux ouverts au jour
Jamais ne vis tant de regret... "

Oscar Wilde

    
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Jour 1 : Viens -</BR>
Allons voir la neige</BR>
Jusqu'à nous ensevelir ! (Matsuo Basho)
Jour 1 : Viens -
Allons voir la neige
Jusqu'à nous ensevelir ! (Matsuo Basho)
Jour 2 : Me voici -</BR>
Là où le bleu de la mer</BR>
Est sans limite. (Taneda Santoka)
Jour 2 : Me voici -
Là où le bleu de la mer
Est sans limite. (Taneda Santoka)
Jour 3 : Devant, ne pas voir l'homme passé</BR>
Derrière, ne pas voir l'homme à venir</BR>
Pensant au ciel-terre infini</BR>
Seul amèrement, fondre en larmes. (Ch'en Tzu-Ang)
Jour 3 : Devant, ne pas voir l'homme passé
Derrière, ne pas voir l'homme à venir
Pensant au ciel-terre infini
Seul amèrement, fondre en larmes. (Ch'en Tzu-Ang)
Jour 4 : ...levant ma coupe, je convie la lune claire</BR>
avec mon ombre nous voilà trois</BR>
la lune, hélas, ne sait pas boire,</BR>
et mon ombre ne fait que me suivre... (Li Po)
Jour 4 : ...levant ma coupe, je convie la lune claire
avec mon ombre nous voilà trois
la lune, hélas, ne sait pas boire,
et mon ombre ne fait que me suivre... (Li Po)
Jour 5 : ... où les filles alanguies 
vous ravissent le coeur</BR>
en tressant m'a t-on dit 
de ces colliers de fleurs, </BR>qui enivrent....  (Ch. Aznavour)
Jour 5 : ... où les filles alanguies vous ravissent le coeur
en tressant m'a t-on dit de ces colliers de fleurs,
qui enivrent.... (Ch. Aznavour)
Jour 6 : Matin de printemps -</BR>
Mon ombre aussi</BR>
Déborde de vie ! (Kobayashi Issa)
Jour 6 : Matin de printemps -
Mon ombre aussi
Déborde de vie ! (Kobayashi Issa)
Jour 7 : Elle danse en mourant.</BR>
Comme autour d'un roseau,</BR>
D'une flûte où le vent triste de Weber joue,</BR>
Le ruban de ses pas s'entortille et se noue. (Edgar DEGAS)
Jour 7 : Elle danse en mourant.
Comme autour d'un roseau,
D'une flûte où le vent triste de Weber joue,
Le ruban de ses pas s'entortille et se noue. (Edgar DEGAS)
Jour 8 : Au-delà des dix directions,
au-delà des trois temps,</BR>
La clarté resplendit, insaisissable, inexprimable.</BR>
La certitude scintille à l’infini comme les étoiles dans le ciel. (Chant de Milarépa)
Jour 8 : Au-delà des dix directions, au-delà des trois temps,
La clarté resplendit, insaisissable, inexprimable.
La certitude scintille à l’infini comme les étoiles dans le ciel. (Chant de Milarépa)
Jour 9 : ...Ce beau temps me pèse et m’ennuie.</BR>
– Ce n’est qu’après des jours de pluie</BR>
Que doit surgir, en un tableau,</BR>
Le printemps verdissant et rose, …  (Gérard de Nerval)
Jour 9 : ...Ce beau temps me pèse et m’ennuie.
– Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose, … (Gérard de Nerval)
Jour 10 : Montagne vide, ne percevoir personne,</BR>
Seuls au loin, résonnent des échos de voix,</BR>
Les rayons du couchant dans la forêt profonde :</BR>
Dernier éclat de la mousse, vert ! (Wang Wei)
Jour 10 : Montagne vide, ne percevoir personne,
Seuls au loin, résonnent des échos de voix,
Les rayons du couchant dans la forêt profonde :
Dernier éclat de la mousse, vert ! (Wang Wei)
Jour 11 : A la place du ciel, je mettrai son visage</BR>
Les oiseaux ne seront même pas étonnés</BR>
Et le jour se levant très haut dans ses prunelles</BR>
On dira : le printemps est plus tôt cette année ? (R.G. Cadou)
Jour 11 : A la place du ciel, je mettrai son visage
Les oiseaux ne seront même pas étonnés
Et le jour se levant très haut dans ses prunelles
On dira : le printemps est plus tôt cette année ? (R.G. Cadou)
Jour 12 : Toits superbes ! froids monuments !</BR>
Linceul d'or sur des ossements !</BR>
Ci-gît Venise.</BR>
Là mon pauvre coeur est resté.</BR>
S'il doit m'en être rapporté,</BR>
Dieu le conduise ! (A. De Musset)
Jour 12 : Toits superbes ! froids monuments !
Linceul d'or sur des ossements !
Ci-gît Venise.
Là mon pauvre coeur est resté.
S'il doit m'en être rapporté,
Dieu le conduise ! (A. De Musset)
Jour 13 : J’épluche une poire-</BR>
Du tranchant de la lame,</BR>
Le goutte à goutte sucré. (Masaoka Shiki)
Jour 13 : J’épluche une poire-
Du tranchant de la lame,
Le goutte à goutte sucré. (Masaoka Shiki)
Jour 14 : ... Car, même avec des pieds de grues (bis)</BR>
Fair' les cents pas le long des rues (bis)</BR>
C'est fatigant pour les guibolles... (G. Brassens)
Jour 14 : ... Car, même avec des pieds de grues (bis)
Fair' les cents pas le long des rues (bis)
C'est fatigant pour les guibolles... (G. Brassens)
Jour 15 : Du temps où j'étais pas manchot</BR>
je faisais la cour dans les pays chauds</BR>
à une sombre beauté</BR>
qui n'voulait pas s'laisser tenter
Jour 15 : Du temps où j'étais pas manchot
je faisais la cour dans les pays chauds
à une sombre beauté
qui n'voulait pas s'laisser tenter
Jour 16 : Je veux bien que les saisons m’usent.</BR>
A toi, Nature, je me rends ;</BR>
Et ma faim et toute ma soif.</BR>
Et, s’il te plaît, nourris, abreuve. (A. Rimbaud)
Jour 16 : Je veux bien que les saisons m’usent.
A toi, Nature, je me rends ;
Et ma faim et toute ma soif.
Et, s’il te plaît, nourris, abreuve. (A. Rimbaud)
Jour 17 : Regarde bien petit, regarde bien</BR>
Sur la plaine là-bas à hauteur des roseaux</BR>
Entre ciel et moulins,</BR>
Y a un homme qui vient que je ne connais pas ... (J. Brel)
Jour 17 : Regarde bien petit, regarde bien
Sur la plaine là-bas à hauteur des roseaux
Entre ciel et moulins,
Y a un homme qui vient que je ne connais pas ... (J. Brel)
Jour 18 : Si j’étais gabarre ou chaland</BR>
Au bout d’une corde qui grince,</BR>
Beau fleuve lent,</BR>
Je descendrais vers tes provinces. (J. de La Ville de Mirmont)
Jour 18 : Si j’étais gabarre ou chaland
Au bout d’une corde qui grince,
Beau fleuve lent,
Je descendrais vers tes provinces. (J. de La Ville de Mirmont)
Jour 19 : Le temps a laissé son manteau</BR>
De vent, de froidure et de pluie,</BR>
Et s'est vêtu de broderies,</BR>
De soleil luisant, clair et beau. ( Charles d'Orléans)
Jour 19 : Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderies,
De soleil luisant, clair et beau. ( Charles d'Orléans)
Jour 20 : ... Salveu-me els ulls quan ja no em quedi res.</BR>
Viuré, bo i mort, només en la mirada.</BR>
Sauvez mes yeux quand il ne me restera plus rien.</BR>
Je ne vivrai, vif ou mort, que dans le regard ... (M. Marti Y Pol)
Jour 20 : ... Salveu-me els ulls quan ja no em quedi res.
Viuré, bo i mort, només en la mirada.
Sauvez mes yeux quand il ne me restera plus rien.
Je ne vivrai, vif ou mort, que dans le regard ... (M. Marti Y Pol)